Une carrière porteuse de sens : comment Lea Hungerbühler réunit droit, responsabilité et vocation

Une carrière porteuse de sens : comment Lea Hungerbühler réunit droit, responsabilité et vocation

Cedric Frenzer
Cedric Frenzer

En tant qu’associée chez LexImpact, présidente de l’organisation de défense des droits humains AsyLex et juge, Lea Hungerbühler, LL.M., évolue avec assurance entre le droit des marchés financiers et le travail en droits humains. Dans cet entretien, elle parle de son parcours de carrière atypique, du lien entre profession et vocation, et de ce que les juristes peuvent accomplir.


Thèmes : Conseils de carrière, profession et vocation, LL.M., Harvard, juge, associée chez LexImpact, présidente d’AsyLex, CAS International Compliance Management.
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Temps de lecture : 5 minutes.

 

Bonjour, Madame Hungerbühler. Vous êtes juge, avocate indépendante, chargée de cours et engagée bénévolement dans une ONG. Pourriez-vous nous parler de votre parcours et expliquer comment cette polyvalence s’est développée ?

 

Déjà pendant mes études, j’ai cherché à obtenir des perspectives aussi variées que possible : sur le plan thématique, en combinant économie et droit à l’Université de Saint-Gall ; sur le plan linguistique et géographique, grâce à des semestres d’échange en Suisse romande et aux États-Unis ; et également à travers divers engagements associatifs. Après mes études, j’ai effectué mon stage d’avocat chez Lenz & Staehelin à Zurich – une expérience qui a renforcé mon intérêt à long terme pour le droit économique, et en particulier pour le droit des marchés financiers. Peu après, j’ai été élue juge suppléante au Tribunal pénal de Bâle-Campagne – une activité passionnante et formatrice.

 

Aujourd’hui, je suis vice-présidente de la chambre pénale de la Cour cantonale. Le bénévolat dans différents domaines m’a toujours tenue à cœur – c’est ainsi qu’est née l’organisation de défense des droits humains AsyLex, que je préside encore aujourd’hui. Un CAS en droit des marchés financiers m’a permis d’approfondir mes connaissances dans mon domaine principal, et le LL.M. à la Harvard Law School m’a permis d’élargir mes horizons académiques, linguistiques et personnels. Aujourd’hui, je savoure la diversité de mon travail et je constate sans cesse combien ces différentes perspectives apportent une valeur ajoutée à chacune de mes fonctions.

 

Comment parvenez-vous à concilier avec succès toutes ces activités ?

 

Ce n’est effectivement pas toujours simple, et quelques nuits blanches sont inévitables. Cependant, des parallèles apparaissent souvent entre les différents domaines, et ce que j’apprends dans l’un me permet d’être plus efficace dans l’autre. De manière générale, je suis convaincue que la diversité des points de vue – que ce soit en tant qu’avocate et juge, ou en tant que juriste en droits humains et en droit économique – favorise la compréhension mutuelle et contribue à dépasser les clivages.

 

Le droit international est un élément central de votre travail. Comment lancer une carrière internationale après une formation en Suisse, et quel rôle joue votre LL.M. de Harvard ?

 

Mes domaines d’activité sont, par nature, orientés vers l’international : qu’il s’agisse des droits humains ou des normes en droit des marchés financiers – les deux reposent sur des bases développées conjointement par des États et qui ont donc une validité régionale ou mondiale. Cela dit, une grande partie de mon travail juridique reste ancrée dans le droit suisse. Mon LL.M. à la Harvard Law School m’a permis d’acquérir une compréhension du système juridique américain, mais surtout, il m’a offert la possibilité de rencontrer des personnes du monde entier partageant les mêmes intérêts – un réseau dont je continue à bénéficier, tant sur le plan personnel que professionnel.

Aujourd’hui, AsyLex compte 15 collaborateurs et plus de 100 bénévoles engagés pour garantir l’accès au droit aux personnes réfugiées, en Suisse et à l’international. - Lea Hungerbühler, LL.M.

Vous êtes la fondatrice et présidente d’AsyLex. Qu’est-ce qui vous a motivée à créer cette organisation ?

 

Il y a eu un véritable déclic en 2016 : j’étais en voyage en Australie avec une amie qui étudiait la médecine. Sur une plage paradisiaque dans une réserve naturelle isolée, un accident est survenu : une touriste a perdu connaissance. Mon amie a immédiatement commencé un massage cardiaque et une ventilation jusqu’à l’arrivée de l’ambulance, tandis que moi, je suis restée impuissante à regarder une personne mourir sous mes yeux. À ce moment-là, j’ai compris que je voulais utiliser mes compétences juridiques – au-delà du droit économique – pour aider les autres.

 

J’ai d’abord tenté de le faire dans un camp de réfugiés en Grèce, mais j’ai vite constaté que, sans connaissance du droit local ni de la langue, je ne pouvais pas être utile. De retour en Suisse, j’ai commencé à m’engager bénévolement dans le domaine des droits humains. Face à une demande croissante, j’ai fondé peu après l’association AsyLex. Aujourd’hui, AsyLex compte 15 collaborateurs et plus de 100 bénévoles engagés pour garantir l’accès au droit aux personnes réfugiées, en Suisse et à l’international.

 

Vous avez reçu le Prix Caritas pour votre engagement avec AsyLex. Pouvez-vous nous en dire plus sur les activités d’AsyLex ?

 

AsyLex a été fondée pour combler un vide : de nombreuses personnes réfugiées manquent d’informations juridiques et de représentation légale – ce qui signifie qu’elles ne connaissent pas leurs droits ou ne peuvent pas les faire valoir. C’est là qu’intervient AsyLex. Nous offrons des conseils juridiques gratuits et numériques dans le domaine de l’asile, en alliant expertise juridique et approche innovante soutenue par la technologie.

 

Notre travail repose sur trois piliers : l’accès à l’information, l’accès à une représentation juridique, et l’autonomisation par le partage des connaissances. Il est essentiel pour nous que les personnes concernées fassent elles-mêmes partie de notre équipe. Grâce à cette combinaison de savoir-faire, d’innovation et d’apprentissage partagé, nous soutenons chaque année plusieurs milliers de personnes – non seulement en Suisse, mais aussi dans de nombreux pays et dans des cas de violations graves des droits humains, jusqu’au niveau des juridictions internationales.

Ce qui me motive particulièrement, c’est la possibilité d’aborder des questions juridiques complexes de manière orientée vers les solutions, en collaboration avec mes client·e·s – souvent à l’interface entre droit, régulation et responsabilité sociétale. - Lea Hungerbühler, LL.M.

Quelles sont vos responsabilités en tant que fondatrice et directrice de Leximpact, et qu’est-ce qui vous motive particulièrement dans l’exercice de cette fonction ?

 

Chez Leximpact, j’exerce principalement en tant qu’avocate dans le domaine du droit des marchés financiers. En outre, je conseille également sur d'autres questions relevant du droit des affaires, ponctuellement en droit pénal ainsi qu’en matière de « business and human rights ». Ce qui me motive particulièrement, c’est la possibilité d’aborder des questions juridiques complexes de manière orientée vers les solutions, en collaboration avec mes client·e·s – souvent à l’interface entre droit, régulation et responsabilité sociétale.

 

En plus de vos autres engagements, vous êtes également enseignante à la HWZ et dirigez désormais le nouveau programme CAS en International Compliance Management. Quels thèmes vous tiennent particulièrement à cœur dans votre activité d’enseignement à la HWZ ?

 

Je considère qu’il est essentiel que les collaboratrices et collaborateurs des prestataires de services financiers connaissent les bases juridiques de leur travail. Non seulement pour protéger les investisseuses et investisseurs ainsi que la place financière, mais aussi pour se protéger eux-mêmes – les comportements fautifs retombent souvent sur eux. Dans le nouveau CAS International Compliance Management, les questions de droit international et des activités transfrontalières seront également au cœur du programme. Je me réjouis de travailler avec des étudiant·e·s engagé·e·s et d’excellent·e·s intervenant·e·s du monde entier !

Le saviez-vous ?

Que ce soit en tant qu’avocate, juge ou fondatrice d’ONG comme Lea Hungerbühler


sur Lawjobs.ch, les juristes trouvent des carrières porteuses de sens, de responsabilité et de perspective.

Vers Lawjobs

Quels conseils souhaiteriez-vous donner aux juristes qui nourrissent des rêves de carrière aussi variés et s’intéressent à une activité à l’international ?

 

À mon avis, il est essentiel de chercher une activité qui vous épanouit vraiment – non pas dans le but de gagner un maximum d’argent, mais avec l’ambition de contribuer à une cause dans laquelle on croit profondément. Cela demande de la persévérance : beaucoup de choses ne réussissent pas du premier coup. Personnellement, je pars du principe qu’environ une tentative sur dix fonctionne – les déceptions et les revers font donc naturellement partie du chemin.

 

Il est tout aussi important de savoir accueillir les critiques de manière constructive et de ne pas se décourager – surtout lorsqu’on est convaincu·e qu’un chemin est le bon. Pour cela, la discipline est précieuse, tout comme la sérénité et la capacité à adopter d’autres points de vue. Cela permet souvent de découvrir de nouvelles perspectives et des chemins auxquels on n’aurait jamais pensé auparavant. Et enfin, il faut rester ouvert·e : aux nouveaux sujets, aux situations inhabituelles et aux détours – car ce sont parfois justement ces détours qui mènent là où l’on peut avoir le plus d’impact.

 

Merci beaucoup pour ces aperçus passionnants sur votre carrière impressionnante et votre quotidien professionnel. Nous vous souhaitons beaucoup de succès et tout le meilleur pour l’avenir !

Traduit par l'IA

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