C'est avec grand plaisir que j'ai accepté de rédiger la préface du Commentaire en ligne des sports de montagne, car les questions juridiques liées aux sports de montagne me concernent personnellement à multiples égards :
En tant que guide de montagne, je suis confrontée depuis plus de 20 ans au fait que, même avec une soigneuse planification et une bonne gestion des risques, un accident grave peut malgré tout se produire. Certes, le savoir accumulé sur les dangers de la montagne ne cessent d'augmenter et le matériel s'améliore en permanence, mais il reste toujours un risque auxquels nous, guides de montagne et alpinistes, sommes exposés. Il ne peut malheureusement pas être exclu qu'un de mes hôtes soit victime d'un accident grave et que je doive en répondre sur le plan pénal et civil.
Depuis une dizaine d'années, je suis présidente du groupe spécialisé en expertises lors d'accidents de montagne GSEAM et je fournis des expertises techniques alpines aux ministères publics, aux tribunaux et aux compagnies d'assurance. L'objectif est que les décisionnaires comprennent le mécanisme de l'accident et soient informés des normes pertinentes en matière de technique alpine. J'observe à cet égard que le traitement pénal et civil des accidents de montagne est généralement bien mené. Cependant, je constate avec inquiétude l'évolution des conséquences des accidents de montagne sur le plan de l'assurance-accidents. Il me semble que les réductions de prestations pour cause d'entreprise téméraire sont devenues plus fréquentes.
Depuis un peu plus d'un an, je suis également présidente de l'Association suisse des guides de montagne (ASGM). Dans ce rôle, je m'engage pour que nous, les amateur-e-s de sports de montagne, puissions continuer à avoir un accès libre et approprié à la montagne. L'ASGM reconnaît que les mesures de restriction sont justifiées pour protéger les animaux et les écosystèmes les plus sensibles et les plus menacés, notamment face aux flux toujours plus importants de touristes outdoor. Nous nous accommodons des restrictions existantes dans les réserves de chasse, les zones de repos pour la faune et les réserves naturelles, mais nous examinons les nouvelles restrictions d'un œil très critique.
Au sein de l'ASGM, je participe également au développement et à l'application de la législation sur les guides de montagne et l'offre d'autres activités à risque. L'ASGM prend régulièrement position à l'intention de l'OFSPO sur les nouveaux développements du marché des activités outdoor et conseille le SEFRI sur la question de l'équivalence des formations délivrées à l'étranger. Et malheureusement, le cas échéants, l'ASGM se voit aussi obligé porter plainte contre des personnes qui organisent des activités à risque sans formation agréée ni autorisation et qui mettent ainsi en danger la sécurité de leurs hôtes.
Je suis convaincue que le Commentaire des sports de montagne donne un aperçu aux lecteurs/trices et apporte de précieuses information sur les domaines juridiques touchés dans les sports de montagne et. A ma connaissance, il n'existe, jusqu'à présent, aucune source de doctrine qui traite de manière approfondie toutes les questions juridiques concernant les sports de montagne. Je me réjouis que ce commentaire comble la brèche et que les résultats de ces recherches soient accessibles gratuitement à toutes les personnes intéressées. Je remercie tous les intervenants pour leur investissement.